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07.02.2025
#MACROECONOMIE

Focus stratégie d'investissement : février 2025

La tornade Trump

RÉSUMÉ

 

  1. Le président Trump a ciblé le Mexique, le Canada et la Chine avec des tarifs douaniers de grande envergure, auxquels le Canada et la Chine ont répliqué en imposant des droits de douane en représailles. La suspension des taxes douanières mexicaines et canadiennes après des concessions suggère que ces tarifs pourraient ne pas être permanents. S’ils se maintiennent, on s’attend à un ralentissement de -0,4 % de l’économie américaine et à +0,8 % de l’inflation sous-jacente. 
  2. L’inflation peut-elle encore diminuer ? Malgré les tarifs douaniers, les taux d’inflation peuvent encore diminuer car i) les prix du pétrole et du gaz, ii) les coûts du logement et iii) la croissance des salaires devraient tous être modérés dans les mois à venir. De nouvelles baisses de taux devraient profiter à l’activité manufacturière, aux prêts bancaires et aux secteurs de la construction. 
  3. Une opportunité d’achat sur les obligations américaines protégées contre l’inflation : les rendements réels des obligations américaines à 10 ans supérieurs à 2 % ont historiquement donné lieu à des rendements à 12 mois proches de 10 % en moyenne. Avec des rendements réels désormais à 2,1%, nous apprécions les obligations du Trésor américain protégées contre l’inflation. Nous privilégions également les obligations souveraines américaines et britanniques à plus longue duration, compte tenu des primes de terme plus élevées. 
  4. Disruption DeepSeek ? Le lancement de ce modèle de langage à grande échelle de l’IA chinoise à faible coût est-il le perturbateur « game changer » pour les oligopoles technologiques américains à méga-capitalisation ? Cela accélère la « banalisation de l’IA » et peut déclencher une rotation sectorielle au détriment de la technologie. Privilégiez le S&P 500, les secteurs financiers et industriels. 
  5. Des perspectives 2025 positives pour les actifs privés : certaines stratégies de crédit privé offrent des opportunités de rendement intéressantes dans un monde où les spreads de crédit sont serrés. L’immobilier commercial européen affiche des perspectives de rendement élevées grâce à une reprise naissante des valeurs immobilières, à la croissance des loyers et à la hausse des rendements locatifs à mesure que les taux d’intérêt baissent.

 

Zoom sur les TIPS américains et les obligations d’État américaines et britanniques avec des durations plus longues

Les obligations britanniques notamment celles à plus longue duration offrent des rendements plus élevés

Depuis septembre 2024, le rendement de référence des obligations à 10 ans des bons du Trésor américain et des Gilts britanniques est passé de 3,6 % à 4,5 % aux États-Unis, et de 3,7 % à 4,6 % au Royaume-Uni. Nous considérons cette flambée des rendements comme une excellente occasion pour les investisseurs conservateurs d’acheter des obligations souveraines américaines et britanniques, dans l’espoir d’une baisse de l’inflation dans les deux pays dans un avenir proche et d’une poursuite de la baisse des taux d’intérêt de référence de la part des banques centrales.

 

La prime à terme la plus élevée depuis plus de 10 ans

La hausse de la prime de terme à 10 ans est un des éléments de mesure et d’explication de la valeur actuelle des obligations américaines et britanniques à duration plus longue. Pour rappel, la prime de terme est l’excédent de rendement d’une obligation à long terme par rapport à celui d’une obligation à court terme, reflétant le montant que les investisseurs s’attendent à percevoir pour la détention d’obligations à plus longue durée.

Dans le cas des bons du Trésor américain à 10 ans, cette prime de terme est passée de zéro à +0,5 % au début du mois d’octobre. En effet, cette prime de terme se situe aujourd’hui à son plus haut niveau depuis près de 10 ans, bien au-dessus de la prime de terme moyenne sur 20 ans de 0,4 %.

Non seulement nous apprécions les obligations d’État américaines et britanniques à long terme car elles offrent des rendements élevés, mais nous privilégions également les obligations d’entreprises « Investment Grade »  américaines et britanniques pour des raisons similaires, malgré leurs spreads de crédit relativement faibles. En termes de rendement absolu, les obligations d’entreprises américaines notées BBB offrent un rendement de 5,5 %, tandis que les obligations d’entreprises britanniques de qualité « Investment Grade » offrent un rendement de 5,4 %.

 

Les obligations américaines protégées contre l’inflation sont désormais attractives

Dans le sillage de la flambée des rendements obligataires américains depuis septembre, avec une augmentation de 1 % de l’indice de référence des bons du Trésor à 10 ans jusqu’à la fin janvier, le rendement des obligations réelles du Trésor à 10 ans protégées contre l’inflation se situe aujourd’hui au-dessus du niveau clé de 2 % à 2,1 %.

D’un point de vue historique, ce rendement réel a rarement dépassé 2 % pendant longtemps au cours des 25 dernières années. Avant 2024-25, il faut remonter à 2009. Les rendements sur 12 mois ultérieurs des obligations protégées contre l’inflation ont été en moyenne de 10 % lorsque le rendement réel de départ à 10 ans était de 2 % ou plus.

Rappelons que le rendement total des obligations est généralement mieux prédit par le niveau de rendement à l’entrée, c’est-à-dire que plus le rendement de départ est élevé, plus les rendements attendus sont élevés à moyen terme. Aujourd’hui, le rendement initial des TIPS américains est le plus élevé depuis plus de 10 ans.

De plus, même lorsque l’inflation et les taux d’intérêt étaient bas avant 2020, les obligations américaines protégées contre l’inflation ont nettement surperformé l’indice Bloomberg des obligations du Trésor américain. L’indice des obligations américaines protégées contre l’inflation a enregistré un rendement annuel moyen de 4,3 % de 2002 à 2024, soit 0,9 % de mieux par an que les 3,4 % obtenus par l’indice global des obligations du Trésor américain.

 

Messages clés

Sur le marché obligataire, nous sommes positifs sur les obligations d’État américaines et britanniques, en préconisant une duration de référence (de 6 ans aux États-Unis). Nous apprécions également les obligations américaines protégées contre l’inflation, compte tenu des rendements réels attractifs proposés aujourd’hui.

 

Phase finale de hausse pour le marché actions

Croissance, liquidité et sentiment positif 

Le marché haussier des actions qui a débuté en octobre 2022 reste la principale tendance du marché, soutenue par la combinaison :

a. D’une croissance économique et des bénéfices positive, menée par les États-Unis avec une croissance du PIB annualisée de 2,3 % et de 11 % pour l’indice S&P 500 au T4 2024;

b. D’une liquidité mondiale dynamique, alimentée par le rebond de la croissance de la masse monétaire aux États-Unis et en Chine, la baisse des taux d’intérêt des banques centrales et les forts taux d’épargne des ménages chinois, japonais et européens à la recherche de rendements plus élevés pour les actions, les obligations d’entreprises et les fonds monétaires ;

c. D’un appétit pour le risque sur les marchés financiers mondiaux, comme l’ont mesuré les sondages haussiers auprès des investisseurs, des spreads de crédit historiquement serrés pour les entreprises et des flux robustes dans les ETF.

d. D’une réduction continue de l’offre d’actions sur les marchés boursiers américains, européens et japonais. Les rachats d’actions continuent de dépasser largement l’offre nouvelle sous la forme d’introductions en bourse ou d’émissions secondaires d’actions.

 

Mais gardez un œil sur les taux d’intérêt à long terme

Les valorisations élevées des méga-capitalisations technologiques américaines rendent le marché boursier américain vulnérable à une correction si les taux d’intérêt à long terme (rendements obligataires américains à 10 ans) devaient atteindre ou dépasser 5 %. Ces taux à long terme, à leur tour, dépendent d’une combinaison d’anticipations d’inflation à long terme et de la confiance dans la viabilité de la dette souveraine face à la hausse des coûts d’intérêt. Les rendements américains à 10 ans inférieurs à 4,6 % ne laissent pas entrevoir de risque imminent pour les valorisations des actions américaines, mais doivent être surveillés de près.

 

Rotation sectorielle au détriment de la technologie

Nous avons assisté à une correction dans les secteurs des méga-capitalisations, de la technologie et des semi-conducteurs pendant plusieurs jours après l’annonce inattendue, le 23 janvier, des résultats impressionnants du modèle chinois à bas coût DeepSeek R1. Mais cela n’a fait qu’accélérer une rotation sectorielle qui avait commencé au début de cette année et qui s’éloigne de la technologie.  Au 30 janvier, le Nasdaq 100 n’a gagné que 1,9 %, tandis que le S&P 500 hors indice technologique a progressé de 5,8 %, l’Euro STOXX 50 de +7,9 % et le DAX allemand de +9,1 %.

Le point clé dans le cas présent est le phénomène de banalisation de l’IA, à savoir que des modèles et des algorithmes d’IA plus nombreux et moins chers offrent aux entreprises un moyen plus rentable d’intégrer des processus basés sur l’IA dans leurs activités.

 

Le paradoxe de Jevons et l’IA

Selon le paradoxe de Jevons, à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est utilisée, la consommation globale de la ressource a tendance à augmenter (et non à diminuer) à mesure que la demande augmente fortement. Des modèles d’IA de pointe moins coûteux devraient accélérer leur adoption dans l’économie au sens large, entraînant des gains de productivité dans tous les secteurs et une croissance encore plus rapide de la demande d’électricité. Les gagnants de cette prochaine étape du cycle de développement de l’IA ne seront pas nécessairement les « Magnificent 7 », mais plutôt les entreprises qui peuvent générer des gains de productivité significatifs liés à l’IA dans les secteurs de la finance, des soins de santé et des logiciels. La banalisation de l’IA devrait également stimuler le développement d’une nouvelle vague d’entreprises et d’industries, comme en témoigne l’adoption généralisée de l’Internet mobile et des smartphones.

 

Trump annonce de nouveaux tarifs à l’importation

Droits de douane américains – Plus et plus vite, mais pour combien de temps ?

L’annonce d’une hausse des droits de douane américains confirme notre hypothèse clé selon laquelle les promesses de campagne de Donald Trump étaient à prendre au sérieux. En fait, les augmentations annoncées sont encore plus importantes et interviennent plus rapidement que prévu. Nous avions initialement pensé que ces augmentations de tarifs seraient progressives.

L’annonce de la mise en place de droits de douane de 10 % pour la Chine et de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique (à l’exception des produits pétroliers et énergétiques canadiens, pour lesquels une taxe de 10 % s’appliquerait), à compter du 4 février, témoigne d’une augmentation beaucoup plus immédiate et plus marquée du taux tarifaire effectif des États-Unis que nous ne l’avions supposé.

Le président Trump a-t-il annoncé des tarifs aussi élevés dans le but a) d’exercer une pression maximale sur les négociations à venir, ou b) de s’en tenir à ce niveau de tarifs pour réorienter les chaînes d’approvisionnement et affecter les revenus à la réduction du déficit budgétaire ?

Les 2 et 3 février, Donald Trump a suspendu les droits de douane prévus sur le Mexique et le Canada pendant 1 mois. Cela faisait suite à un accord avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum visant à positionner 10 000 soldats mexicains à la frontière américano-mexicaine pour arrêter le flux de fentanyl et d’immigrants illégaux vers les États-Unis. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pris un engagement similaire. Cette « pause » laissera le temps de poursuivre les négociations. Des discussions avec le Premier ministre chinois sont également très probables. Un accord prévoyant une baisse ou une annulation des droits de douane est encore possible, selon nous.

 

L’Europe est-elle la prochaine sur la liste ?

Nous nous attendons à ce que les droits de douane imposés à l’Europe suivent bientôt. Les annonces actuelles ont déjà impacté certaines grandes entreprises européennes, notamment dans le secteur automobile. En effet, les constructeurs automobiles allemands ont délocalisé leur production de voitures et de pièces détachées au Mexique au cours des dernières années. Des négociations menant à une baisse des droits de douane en échange d’une augmentation considérable des achats de pétrole et de gaz ainsi que de défense pourraient constituer un compromis.

 

Le dilemme de Trump et ce qui nous laisse penser que les droits de douane ne resteront pas élevés

Le prix à payer pour maintenir les tarifs à des niveaux aussi élevés serait important. En effet, quand on se penche sur la recherche économique et l’histoire, on constate que des droits de douane aussi forts génèrent une inflation plus élevée et freinent la croissance économique, surtout en considérant comme très probable le risque d’une escalade de la guerre commerciale. Des droits de douane substantiels agissent comme une taxe à la consommation et ont un effet direct sur l’inflation, voire peuvent déstabiliser les anticipations d’inflation. Pour les entreprises comme pour les consommateurs, des tarifs élevés auraient probablement un impact durable sur l’investissement et la consommation. Par ailleurs, la banque centrale pourrait être confrontée à un dilemme critique de stagflation, entre une activité économique plus faible et une inflation en hausse. Le coût pour Donald Trump et le parti républicain pourrait donc être très important, car ils risqueraient de perdre leur faible majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2026. Cette considération politique s’ajoute à l’argument d’une modération ou d’une annulation de ces tarifs à temps.

 

Renforcement généralisé des matières premières de base

Le retournement des rendements américains stoppe la progression de l’USD

Depuis septembre, lorsque Donald Trump a commencé à devancer Kamala Harris dans les sondages, le dollar américain a suivi la hausse des rendements obligataires dans l’attente i) d’une augmentation des droits de douane à l’importation, ii) d’une croissance économique plus forte et iii) de moins (voire aucune) baisses de taux de la Réserve fédérale.

Cela s’est traduit par l’écart croissant des rendements obligataires à 2 ans entre les États-Unis et l’Europe (en utilisant l’Allemagne comme référence), cet écart étant passé de 1,4 % à plus de 2,3 % au pic de novembre. Depuis lors, les chiffres de l’inflation américaine se sont avérés relativement modérés.

L’écart de rendement entre l’UE et les États-Unis ayant ensuite baissé à 1,95 %, on s’attendrait normalement à ce que le dollar américain s’affaiblisse par rapport à l’euro, compte tenu de la relation étroite entre les deux en 2024. Bien que nous maintenions notre objectif à long terme de 1,02 USD pour 1 euro, il y a de fortes chances que le dollar américain se déprécie face aux principales devises à court terme après une forte reprise.

L’imposition de droits de douane radicaux à l’encontre des trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis a dans un premier temps renforcé le dollar américain. La suspension d’un mois ensuite annoncée sur toutes les importations mexicaines et canadiennes suggère une pause dans l’élan du dollar américain, ce qui constitue une meilleure nouvelle pour les prix des matières premières.

 

Vent arrière pour les matières premières

Malgré la vigueur récente du billet vert, les grands indices des matières premières se sont redressés ces derniers mois, atteignant leurs plus hauts niveaux depuis la fin de 2022, menés par les matières premières agricoles, comme le café et le cacao, ainsi que les métaux précieux et le gaz naturel.

 

Croire en un supercycle volatil des matières premières

Nous restons convaincus que les matières premières sont entrées dans un supercycle depuis 2022 dans un contexte d’approvisionnement restreint pour un ensemble de matières premières, bien qu’il soit volatil en raison de courants géopolitiques fluctuants.

Les métaux industriels sont à la traîne pour l’instant, mais pourraient bénéficier d’une reprise attendue de l’activité manufacturière mondiale et de l’annonce de nouvelles mesures de relance économique chinoises, ce qui élargirait la reprise des matières premières.

 

Messages clés

Pour une large exposition aux matières premières dans un portefeuille diversifié, envisagez des stratégies de matières premières renouvelables améliorées qui surperforment les indices de matières premières standard au fil du temps.

 

Macro - L’inflation pourrait-elle être plus faible que prévu ?

L’inflation s’est installée autour des 2 %

Les taux d'inflation aux États-Unis et dans la zone euro sont désormais dans la fourchette « acceptable » de 2 %-3 %, avec 2,7 % pour l'IPC de base de la zone euro et 2,8 % pour les dépenses de consommation personnelle de base (PCE) sur un an. Cette stabilité permet aux banques centrales de continuer à réduire leurs taux d'intérêt directeurs. Par ailleurs, la Chine, avec une inflation annuelle de seulement 0,1%, reste proche de la déflation.

Aux États-Unis, les consommateurs s'attendent à une inflation de 3 % pour l'année prochaine, ce qui est similaire à la moyenne d'avant 2020. En Europe, les économistes prévoient une inflation moyenne de 1,9 % cette année.

 

Nouvelle baisse de l’inflation : faut-il s’attendre à une surprise ?

Contrairement aux attentes des marchés financiers, les politiques tarifaires et d'immigration du président Trump pourraient en réalité entraîner une baisse de l'inflation américaine dans les prochains mois.

Tout d’abord, l'inflation des services aux États-Unis devrait diminuer avec le ralentissement de la croissance des salaires. La composante de l’indicateur JOLTS (indicateur de l’emploi aux USA) concernant les départs volontaires est tombé à 1,9 %, ce qui implique des baisses des pressions salariales. De plus, l’indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan est actuellement en chute ce qui renforce l’hypothèse d’une croissance plus faible des salaires au cours des 12 prochains mois.

Enfin, les mesures en temps réel de l'inflation des loyers aux États-Unis montrent une baisse prochaine de l'IPC du logement, qui reste la composante la plus importante de l'inflation sous-jacente, s'établissant à 4,6 % en glissement annuel en décembre.

 

Les prix de l’énergie devraient baisser après les effets saisonniers de l’hiver

Les prix de l'énergie devraient baisser, notamment ceux du gaz naturel, qui devraient diminuer à partir de mars avec la fin du pic saisonnier de chauffage, ce qui réduira également les prix de l'électricité. Nous prévoyons également une baisse des prix du pétrole brut et des produits pétroliers en raison de l'augmentation de la production de l'OPEP+ et des pays non-membres de l'OPEP cette année (4 millions de barils/jour de plus en 2025 par rapport à 2024), ce qui devrait faire baisser le prix du Brent vers notre fourchette prévue de 60 à 70 USD/baril, contre 77 USD actuellement.

En conclusion, nous anticipons que l'inflation demeurera assez faible pour permettre aux banques centrales des États-Unis, d'Europe et de Chine de poursuivre la réduction de leurs taux directeurs.

 

Actifs privés : de nouveaux potentiels avec la baisse des taux d’intérêt

Les rendements du private equity ont été inférieurs à la moyenne en 2023-2024. 

Les classes d'actifs bénéficiant d'un effet de levier financier, comme le private equity et l'immobilier privé, ont affiché des rendements inférieurs à la moyenne entre juin 2023 et fin juin 2024, en raison des taux d'intérêt élevés qui ont pesé sur la valeur des actifs.

Depuis le milieu de l'année 2022, l'immobilier privé a subi une réévaluation de ses valeurs liquidatives en raison de la hausse des coûts de financement. Les rendements de l'immobilier ne redeviennent positifs que maintenant, alors que les valeurs immobilières commencent à se stabiliser grâce à l'effet décalé de la baisse des taux d'intérêt à court et à long terme.

En revanche, le crédit privé et les hedge funds ont bénéficié de taux d'intérêt élevés et de fortes tendances macroéconomiques, tandis que les actions cotées et l'or ont enregistré les meilleures performances.

 

Les fonds de private equity ont connu des difficultés pour sortir de leurs investissements.

L'environnement plus difficile pour les valorisations du private equity, en raison de la hausse des taux d'intérêt et de la relative difficulté des stratégies de sortie par le biais d'introductions en bourse (IPO), a souvent entraîné un allongement des périodes de détention des investissements. Cependant, compte tenu de la vigueur persistante du marché boursier mondial, nous nous attendons à une accélération des introductions en bourse en 2025, ce qui permettra aux fonds de private equity de se retirer des investissements et de restituer plus de liquidités aux investisseurs, stimulant ainsi les rendements des fonds. Nous prévoyons un rendement annuel attendu à long terme de 9,5 % pour la classe d'actifs du private equity.

 

Le crédit privé continue d’offrir des spreads attractifs

Le crédit privé continue d'offrir des rendements attractifs par rapport aux obligations d'entreprises et d'État cotées, avec des rendements moyens avoisinant les 10 %. En comparaison, le rendement actuel est de 7,3 % pour le crédit américain à haut rendement et de 5,4 % pour le crédit américain Investment Grade, tandis que le crédit libellé en euro offre des rendements encore plus faibles. Le marché du crédit privé continue de croître de manière impressionnante, avec des actifs mondiaux sous gestion atteignant 1500 milliards de dollars à la fin du premier trimestre 2024, selon le groupe de gestion de fonds Apollo. Cette classe d'actifs privés est susceptible de croître le plus rapidement au cours des prochaines années, en raison de la nécessité pour les responsables financiers des entreprises de diversifier leur financement en ne se limitant pas aux prêts bancaires, mais en ayant recours à des investisseurs à long terme, tels que les fonds de pension, les compagnies d'assurance et la gestion de patrimoine.

 

Une volatilité accrue devrait favoriser les stratégies de hedge funds neutres au marché.

Depuis son investiture présidentielle le 20 janvier, Donald Trump a annoncé de nombreux nouveaux objectifs politiques américains concernant les droits de douane, la fiscalité, la déréglementation, l'immigration et la politique étrangère. Cela devrait entraîner une volatilité accrue des marchés, favorisant les stratégies de hedge funds neutres au marché à faible volatilité, telles que les fonds actions et les fonds de crédit long/short, qui ont déjà connu une bonne année 2024. Selon Bloomberg, les hedge funds long/short actions et crédit ont enregistré une performance globale à deux chiffres au cours des 12 mois jusqu’à fin novembre 2024.

 

La reprise de l'immobilier est en cours, tandis que la dynamique de l'or reste forte

L’immobilier privé bénéficiera d’un meilleur climat de confiance

Depuis septembre 2022, les valeurs mondiales de l'immobilier commercial ont enregistré des baisses de prix cumulées de 12 % à 18 % sur les marchés australien, européen, britannique et américain. Selon BNP Paribas Real Estate, nous observons actuellement une lente amélioration du sentiment envers cette classe d'actifs, soutenue par la détente des taux d'intérêt et l'ajustement à la hausse des rendements locatifs résultant de la baisse des prix.

Les premiers signes d'amélioration des valorisations dans plusieurs secteurs immobiliers, notamment le résidentiel, l'hôtellerie, l'industrie et la logistique, sont déjà visibles. Les rendements locatifs de l'immobilier commercial européen de premier ordre atteignent en moyenne 5 % dans la logistique, tandis que BNP Paribas Real Estate prévoit des rendements totaux annualisés moyens de 7 % à 9 % pour les principaux secteurs européens sur la période 2024-2028, avec en tête l’immobilier de bureau de qualité et la logistique.

L'immobilier résidentiel mondial profite de la baisse des taux d'intérêt dans de nombreuses régions, avec des hausses annuelles des prix au Royaume-Uni, en Suède, en Allemagne, en Australie et aux États-Unis. De plus, la croissance des loyers reste positive en raison de la forte demande et de la pénurie de biens locatifs disponibles dans de nombreuses villes clés, avec des valeurs locatives européennes moyennes en hausse de 7,1 % en glissement annuel au T2 2024. De même, la baisse des taux d'intérêt à court terme en 2025 devrait soutenir la dynamique des marchés sensibles aux taux d'intérêt plus variables, tels que le Royaume-Uni, l'Espagne et la Suède.

 

Les infrastructures : un moyen de tirer parti des tendances de croissance structurelle

La tendance de fond dans l'intelligence artificielle, les centres de données et la demande d'électricité qui en résulte entraînent des opportunités d'investissement dans les infrastructures connexes, qu'il s'agisse de la production et du transport d'électricité, des datacenters ou des infrastructures numériques associées. La classe d'actifs infrastructures reste l'investissement dominant parmi les actifs réels pour la plupart des investisseurs institutionnels, permettant aux fonds de pension de couvrir les passifs à long terme avec des actifs à long terme qui offrent également une certaine couverture contre l'inflation via des flux de revenus croissants. Les rendements historiques des fonds d'infrastructure privés ont été impressionnants, avec une moyenne annuelle de 9,3 % de 2008 à mi-2024, selon Apollo.

 

Métaux précieux : l’or et l’argent maintiennent leur élan

En dehors des actions américaines, l'or et l'argent ont été deux des principaux actifs les plus performants en 2024, avec des rendements en dollars américains dépassant 20 %. Cette dynamique est due aux achats des banques centrales, à la demande des investisseurs particuliers asiatiques, aux déficits croissants de l'offre et de la demande en raison de la demande industrielle croissante pour l'argent, et aux inquiétudes concernant la viabilité de la dette des gouvernements du G7. Nous prévoyons que ces facteurs continueront de soutenir les métaux précieux en 2025, avec un potentiel de gains à deux chiffres pour les deux métaux d'ici la fin de l'année.

 

Edmund Shing, PhD

Global Chief Investment Officer